1er mai : les origines de la fête du muguet et du travail
La fête du 1er mai a en réalité deux origines et deux histoires. La première remonte au Moyen-Age tandis que la seconde trouve ses origines à Chicago en 1886.
Pourquoi le 1er mai est la fête du muguet ?
Depuis le Moyen-Age. Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, soit présente en Europe depuis le Moyen-Age.
La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes qui lui accordaient des vertus porte-bonheur.Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte-bonheur, il décida d'en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des "bals du muguet".
C'était d'ailleurs l'un des seuls bals de l'année où les parents n'avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s'habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d'un brin de muguet.
A Paris, au début du siècle, les couturiers en offrent trois brins aux ouvrières et petites mains. Mais il faut attendre 1976 pour qu'il soit associé à la fête du 1er mai. Sur la boutonnière des manifestants, il remplace alors l'églantine et le triangle rouge qui symbolisait la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs.
Pourquoi le 1er mai est la fête du Travail ?
1er mai 1886. Ce samedi à Chicago, un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures est lancé par les syndicats américains.
Une grève, suivie par 400 000 salariés paralyse de nombreuses usines. La date du 1er mai n'est pas choisie au hasard. Il s'agit du "moving day", le jour où traditionnellement, les entreprises américaines réalisent les calculs de leur année comptable.
Le mouvement se poursuit et le 4 mai, lors d'une manifestation, une bombe est jetée sur les policiers qui ripostent. Bilan : une dizaine de morts, dont 7 policiers. S'en suivra la condamnation à mort de cinq anarchistes.
20 juin 1889 : le congrès de la IIe Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde avec pour objectif la journée de huit heures. Cette date fut choisie en mémoire du mouvement du 1er mai 1886 de Chicago.
Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs.
Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d'églantine, en 1891, lorsque une manifestation à Fourmies, dans le nord de la France dégénère, les forces de l'ordre tirant sur la foule.
Ce jour-là, une jeune femme portant une églantine est tuée. Il faudra attendre 1907 pour que le brin de muguet fasse son grand retour...
23 avril 1919 : Le sénat français ratifie la loi instaurant la journée de huit heures. La haute Assemblée déclare officiellement le 1er mai 1919 journée chômée.
Les manifs de 1936 : dans les années qui suivent, le 1er mai s'impose peu à peu comme un rendez-vous et un jour de grèves ouvrier, mais c'est en 1936 qu'ont lieu les plus grandes manifestations.
Ces manifestations du 1er mai 1936 marquent durablement l'imaginaire français. Elles contribuent en effet à l'élection de la première coalition républicaine de centre gauche, deux jours plus tard : le Front populaire. Présidée par le socialiste Léon Blum, ce gouvernement ne tarde pas à adopter des mesures historiques pour les travailleurs, la semaine de 40h, les deux premières semaines de congés payés ou la reconnaissance du droit syndical.
24 avril 1941 : en pleine occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné comme la "fête" du Travail par le gouvernement de Vichy qui espérait rallier les ouvriers. Le jour devient chômé.
C'est le régime de Vichy et seulement lui qui, dans l'histoire de France, désignera officiellement le 1er mai comme "fête du travail". Le terme n'est pas repris ensuite par le gouvernement de la Libération.
Avril 1947 : la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération. Celui-ci fait du 1er mai un jour férié et payé.
Mai 1968 : La CGT lance un appel à manifester dans les rues de Paris après une période de quinze ans d'interdiction de défiler.
Aujourd'hui, la Fête du Travail est commémorée par un jour chômé dans la plupart des pays d'Europe à l'exception notamment de la Suisse et des Pays-Bas. Le 1er mai est aussi fêté en Afrique du Sud, en Amérique Latine, en Russie, au Japon.
Au Royaume-Uni, c'est le premier lundi de mai qui est fêté.
Étonnemment, aux Etats-Unis, le "Labor Day" est célébré le premier lundi de septembre, et non en mai, en mémoire d'un autre épisode de la répression ouvrière
Revue de presse du 29 avril 2014 du Monde
La relâche des transports urbains le 1er mai, une exception française
Les Franciliens ne mesurent pas leur chance. A Paris, comme dans le reste de l’Ile-de-France, le 1er mai ressemble à un dimanche un peu vide. Sans plus. Le métro tourne, mais moins fréquemment ; en banlieue, les RER passent tous les quarts d’heure et il faut consulter les horaires avant de prendre le train régional si on veut éviter d’avoir à patienter sur le quai. Mais enfin, bon, on peut emprunter un transport public. Les seules difficultés majeures sont recensées au centre de Paris, lorsque les deux manifestations du jour, celle des syndicats, à l’est de la capitale, et celle du Front national, place de l’Opéra, drainent des militants dans les couloirs du métro.
La RATP espère que les uns et les autres ne se croiseront pas. Pour le reste, chacun se déplace comme n’importe quel autre jour férié, pour aller déjeuner chez belle-maman, se promener au bord de la Seine, faire une balade en forêt ou… travailler.
Relâche en province. Mais la région capitale reste, en France, une exception. Le 1er mai, partout ailleurs, les réseaux de transport urbains font relâche. Il en est ainsi depuis des décennies et personne n’imagine que cela puisse changer un jour. C’est même le seul jour de l’année où les réseaux n’offrent pas de service, alors qu’ils fonctionnent généralement le 1er janvier, le 14 juillet ou le 25 décembre.
Sur les sites Internet des réseaux urbains, Tisseo à Toulouse, TBC à Bordeaux ou CTS à Strasbourg, l’information figure à peine dans un petit onglet, à titre de rappel, tant les citadins se sont habitués depuis longtemps à ce jour pas comme les autres.
Sur le site de TAN, à Nantes, on ne trouvait le 29 avril aucune mention de cette particularité, mais en cliquant sur le calendrier, on découvrait que le 1er mai est le seul jour de l’année marqué en rouge : "pas de service". A chaque arrêt de tramway, en revanche, une affiche indique le dérangement.
Paris et le désert français. Il en est de même à Rennes, Lille ou Marseille. La palme revient aux Bouches-du-Rhône, où les transports départementaux font relâche trois jours par an, le 1er mai, mais aussi le 1er janvier et le 25 décembre. Même peine à Aubagne, à l’est du département. Il faut dire que les transports y sont gratuits. On ne peut pas tout avoir. Bref, le 1er mai, c’est "Paris et le désert français" qui reprend du service.
Particularité hexagonale. Cette opération ville morte constitue une particularité hexagonale. Ainsi, les réseaux britanniques, belges, suisses, allemands, polonais ou espagnols fonctionnent-ils le 1er mai, même si c’est à un rythme ralenti. A Lausanne, "c'est congé pour les employés administratifs, mais les transports circulent, même s’ils sont gênés par les cortèges", observe @cjemelin.
A Turin, le service est limité à quelques heures le matin ainsi que l’après-midi, mais demeure effectif. Selon @mxbasty, franco-autrichien, "jusqu'en 1998, à Vienne, le service ne commençait qu'à 13h". A Londres, ce n’est pas pour la fête du travail, mais pour fêter Noël, le 25 décembre, que les transports s’interrompent."Pas de vol Easyjet ce jour-là non plus", constate @slasherfun.
Les voyageurs disposent tout de même de quelques ressources, à commencer bien sûr par la voiture individuelle et les taxis, lorsque ce service fonctionne correctement, ce qui n'est pas toujours le cas dans les grandes villes. Les trains circulent, les TGV mais aussi les Intercités et les TER. Quelques villes se distinguent. A Nancy, "oui bien sûr", le réseau fonctionne le 1er mai, répond, par téléphone, un employé du STAN. Même chose à Épinal (Vosges), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ou Annemasse (Haute-Savoie).
Navettes, Vélibs, autopartage et Bolloré. A Lyon, point de métro, tramway, bus, mais la navette pour l’aéroport circule, et elle démarrera même ce 1er mai à 4h25 "pour s’adapter aux vols low-cost". A Marseille, l’exception est en mer : la navette maritime vogue "si les conditions météo le permettent". Transpole, à Lille, prend le soin de de donner l’information suivante : "pour vos déplacements, pensez au V’Lille qui reste en service !"
C’est d’ailleurs le cas de tous les systèmes de vélos en libre-service, ainsi que du réseau d’autopartage Citiz. "Les bureaux sont fermés, mais le service fonctionne. C’est l’avantage du libre-service", indique Jean-Baptiste Schmider, le directeur général. Il en va de même des petites voitures du groupe Bolloré, Bluely à Lyon, Bluecub à Bordeaux et Autolib’ à Paris, "ainsi que l’assistance 24h/24", indique-t-on chez Autolib’.
Service public, vraiment ? On peut considérer cette curieuse exception française de deux manières. Soit le transport urbain constitue un service public et les métros, bus, tramways devraient rouler également le 1er mai. Soit on privilégie le bien-être des seuls salariés des transports et, puisque la fête du travail est un jour de repos universel, on ne change rien. Sauf que, ce jour-là, à Lyon, Marseille, Lille ou Nantes, des gens travaillent, dans les hôpitaux, les restaurants, les commissariats, les gares... LaFédération nationale des usagers des transports (FNAUT) dénonce, comme chaque année, cette "anomalie" : "le 1er mai, journée de la voiture obligatoire dans les villes, sauf à Paris"