Presse Océan
du 29/11/2016
Les conducteurs de la Tan ont le blues
Social. Le chiffre des arrêts de travail des chauffeurs sur le réseau de transports a fortement augmenté ces derniers mois. Le ersonnel dit son Ras-le-bol. La direction lance une étude.
En septembre, le taux d’absentéisme des chauffeurs de la TAN a atteint 7,88%. Un chiffre jugé « anormal » .
Habituellement, le chiffe de l’absenteisme à la TAN stagne autout de 5 à 5,5%, comme les autres syndicats de transport, explique une source. Mais en septembre, il a atteint 7,88%. C’est anormal. Il a attiré l’œil de la direction qui va se pencher dessus. »
Tout est à flux tendu. On nous demande toujours plus
Interrogés, certains chauffeurs ne sont pas étonnés : « C’est de pire en pire. L’agglomération est de plus en plus saturée, constate cette conductrice de bus. Même nos temps d’acheminement ont été réduits. Parfois le tram qui doit nous amener au départ de notre service a du retard. On arrive juste à temps et c’est très chaud pour commencer le service à l’heure. On ne parle pas d’aller aux toilettes, c’est souvent mission impossible ! »
Un autre conducteur qui travaille à la TAN depuis 10 ans a pu constater la dégradation de conditions de travail : « Tout est à flux tendu. On nous demande toujours plus. On fait tout ce qu’il faut pour assurer le service mais certains collègues ne tiennent pas le choc, ça les mine. »
« Il y a un vrai ras-le-bol, glisse cette conductrice de Chronobus. Les temps de parcours théoriques ne collent pas à notre réalité . Nous conduisons des bus, pas des Ferrari ! Nous sommes donc souvent en retard. Et ne parlons pas des temps de pause… Il va falloir qu’on apprenne à se téléporter de la salle de repos à l’arrêt pour prendre notre service » ironise celle qui est entrée à la TAN en 1996. Mais ce qui la soucie le plus : « Nous sommes visés par des lasers verts, dans certains quartiers. Cela nous gêne, nous éblouit et met en danger nos usagers."
Un stress supplémentaire. « Les conditions de circulation sont difficiles : les bouchons, la météo, complète un autre conducteur de Chronobus. S’ajoute à cela les usagers qui se plaignent du retard, les nouveaux horaires… Tout cela joue sur notre moral et notre amabilité. Et on sent, dès que l’automne arrive, qu’il y a plus de stress. » pointe celui qui travaille à la TAN depuis 15 ans.
Jean Michel, conducteur depuis 19 ans tempère les propos de ses collègues : « Oui il y a un certain Ras-le-bol à cause des temps de parcours toujours plus réduits et des bouchons qui ne nous facilitent pas le travail. Mais certains se mettent trop la pression. Les temps de parcours sont théoriques. Un bus peut avoir quelques minutes de retard et grâce à l’application « ZEN BUS », les gens savent en temps réel où il se trouve. On n’a pas trop à se plaindre. Il faut relativiser et se mettre à la place de la clientèle, c’est l’exploitation qui prime. »
ZOOM
Montée de l’absenteïsme de longue durée
Etude. « Nous avons diligenté une étude parce que nous avons constaté que l’absentéisme a augmenté d’un point ces derniers temps. Même s’il est inférieur à celui de la profession. » précise Alain BOESWILLWAL, directeur général de la SEMITAN. « Nous voulons en connaître les causes. Pour l’instant, l’étude est en cours. L’analyse n’est pas encore réalisée et elle sera d’abord présentée aux différentes instances internes. Cet absentéisme est général. Il touche toutes les catégories, les conducteurs de bus et tramway mais aussi le personnel administratif. Par ailleurs, il s’agit d’un absentéisme de longue durée, entre 30 et 90 jours. Ce n’est pas un absentéisme de confort ».
« Cela touche tous les secteurs et c’est souvent lié à l’allognement des carrières amenant à travailler au-delà de 60 ans » note pour sa part Bertrand Affilé (PS) vice président de Nantes Métropole en charge des déplacements urbains et des transports publics.
En haut, Louis Axel Bourgé, STAN Cftc, en bas Ronan GILBERT, délégué CGT, à droite Gabriel MAGNER (CFDT)
« Quand on compresse tout, le personnel ne tient pas »
Les syndicats CGT, CFDT et CFTC expliquent par plusieurs causes les mal-être des agents de la TAN
> Optimisation
Pour la CFTC, les difficultés se sont « accentuées au fil des années. Les temps de repos et de régulation sont de plus en plus serrés, regrette Louis Axel Bourgé. Un logiciel calcule nos temps de parcours à la minute près, il optimise tout. Cela nous navre, on nous compare à des outils, on oublie l’humain. On n’est pas des machines. Quand on compresse tout, le personnel ne tient pas »
> Conditions de travail
Pour Ronan GILBERT, délégué CGT, la courbe des arrêts de travail augmente depuis près de 2 ans : « Les temps de parcours sont sans cesse rétrécis. Ils ne sont plus adaptés au trafic qui augmente dans la métropole. Le nombre de passagers augmente aussi. Quand il y a plus de monde à faire monter ou descendre, on prend plus de temps à l’arrêt. La pression pèse sur les agents. Les gens râlent parce qu’ils sont mal transportés et on doit faire face à des situations difficiles. On sait que la situation ne pourra pas s’améliorer sur la ligne 1 pour une simple et bonne raison : on n’a pas le matériel nécessaire. Les futurs busway électriques pourront prendre 60% de charge en plus. Ils absorberont le surplus pendant un temps mais cela ne durera pas. »
> Pas de supputations
Du côté du syndicat majoritaire au sein de la TAN, la CFDT, on se refuse à commenter des chiffres sans analyse plus fine : « La direction doit nous donner des explications en décembre avec une analyse plus fine des motifs des arrêts de travail, souligne Gabriel MAGNER, représentant CFDT. Ces chiffres nous paraissent importants mais il faut les analyser. »